Deux objets au niveau fédéral, mais c’est la 13e rente AVS qui déchaîne les passions
Ce dimanche 3 mars les Suissesses et Suisses étaient plus de 57% à se rendre aux urnes, une mobilisation plus élevée que d’ordinaire. Après des semaines de campagne acharnée, l’initiative « Mieux vivre à la retraite » pour une 13e rente AVS a été largement plébiscitée, dans toute la Suisse. C’est la première fois qu’une initiative des syndicats et une initiative sur l’AVS est acceptée par le peuple.
Les semaines de campagne précédant le passage au vote ont marqué les esprits : rarement une initiative sur l’assurance sociale aura autant fait débat. Les arguments de campagne, très émotionnels des deux côtés, ont fait parler dans toute la Suisse, le sujet s’invitant partout, jusqu’aux repas de famille.
Campagne acharnée, des deux côtés de l’échiquier
A gauche, la campagne a habilement misé sur un contexte socio-économique difficile – augmentation des assurances maladie, des coûts de l’énergie, des loyers – en martelant que les rentes actuelles ne suffisaient plus. En Suisse romande, l’homme de la situation, présent sur tous les fronts, n’a été autre que le conseiller aux Etats socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard.
A droite et au centre, on constate un réveil tardif dans la campagne. Sans proposition de contre-projet, on peut se demander si les opposants avaient pris la mesure de la votation. La lettre ouverte des 5 ex-conseillères et conseillers fédéraux appelant le peuple à refuser l’initiative a également fait couler beaucoup d’encre. Erreur stratégique du camp bourgeois ? C’est ce que laissent sous-entendre les résultats.
Le vendredi avant la votation, on prédisait un score serré. Alors que la majorité du peuple semblait déjà sécurisée, c’est celle des cantons qui restait encore inconnue. Le fameux röstigraben, qui divise habituellement lors des initiatives sur l’AVS, n’était pas au rendez-vous ce dimanche. Seuls 6 cantons et 4 demi-cantons, tous alémaniques, ont refusé le texte. Dans le camp du «non», on retrouve Uri, Schwytz, Obwald, Nidwald, Appenzell-Rhodes-Intérieur, Appenzell-Rhodes-Extérieur, Lucerne, Zoug, Saint-Gall et Thurgovie.
Invité le dimanche 3 mars par la RTS pour le camp du « non », Olivier Feller, conseiller national PLR vaudois a admis : « A droite, nous avons péché par une assurance excessive ». Pour Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse et figure de proue dans le camp du « oui » en Suisse romande, les résultats démontrent que « le pacte social dans notre pays fonctionne encore ».
Reste maintenant à statuer sur le financement de cette 13e rente. Question sur laquelle la droite demande à la gauche de prendre ses responsabilités.
Initiative de l’augmentation de l’âge de la retraite balayée
Quant au deuxième objet de cette votation, l’initiative des JLR sur l’âge de la retraite, il a été largement refusé par le peuple par près de 75% des voix.
Pauline Blanc, elle aussi invitée sur le plateau de la RTS invoque « un mauvais timing » en rappelant la votation de septembre 2022 qui avait aligné l’âge de la retraite des femmes à celui des hommes.
Rendez-vous le 9 juin pour les prochaines votations fédérales.