Votations du 9 Juin 2024 : L’allègement des primes rejeté, l’avenir énergétique de la Suisse se dessine

Une nouvelle journée de votations importantes s’est déroulée ce dimanche 9 juin en Suisse. Au menu du jour, trois initiatives sur la santé, dont deux visant à en limiter les coûts, et la nouvelle loi sur l’approvisionnement électrique de la Suisse. Sur la droite ligne de la 13ème rente AVS, c’est l’initiative socialiste sur l’allègement des primes qui a occupé le plus d’espace médiatique dans ces votations, sur fond de frais de santé en augmentation et de préoccupations sur le pouvoir d’achat accrues. L’avenir énergétique du pays était aussi en jeu et a été approuvé dans son texte de loi. Tour d’horizon des résultats de cette journée de votations. 

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L’initiative pour des primes à 10% ne passe pas le Röstigraben

L’objet phare de ces votations du 9 juin était sans conteste l’initiative « allègement des primes » du PS, notamment défendue par un Pierre-Yves Maillard sorti victorieux des votations historiques pour l’introduction d’une 13ème rente AVS au mois de mars. Cette fois-ci, le but de l’initiative était de « mettre fin à la folie des primes d’assurance maladie » en les limitant à 10% du revenu des ménages. Forte d’une dynamique initiale favorable avec un soutien transpartisan à l’exception des sympathisants du PLR et des Vert’libéraux, l’initiative avait perdu du terrain ces dernières semaines, laissant une complète incertitude sur l’issue du vote à la veille du 9 juin. Celle-ci aura finalement été rejetée par 56% des votants et par tous les cantons alémaniques à l’exception de Bâle-Ville, montrant un Röstigraben plus fort que jamais sur ce sujet et un certain retour à la « normalité suisse » d’après certains politologues. Car les clivages traditionnels, linguistiques mais aussi politiques et sociaux, ont été à l’œuvre tout au long de cette campagne qui n’a pas su convaincre la droite, à l’image du Centre qui s’est finalement rallié au « non ». C’est peut-être aussi l’absence d’un plan de mise en œuvre concret qui a fait défaut, face à des opposants qui n’ont eu de cesse de soutenir que le projet ne s’attaquait pas aux véritables causes de l’augmentation des coûts de la santé. L’injonction habile de Pierre-Yves Maillard, qui exhortait tout au long de la campagne « Pensez au mois de septembre, quand les primes augmenteront à nouveau de 4% au minimum » n’a en tout cas pas suffi à rassembler un électorat profondément divisé. 
 
Le même sort a été réservé à l’initiative du Centre « pour un frein aux coûts » de la santé et à l’initiative « pour la liberté et l’intégrité physique », même si le suspens était bien moindre. Concernant la première, en dépit des arguments en faveur de la nécessité de contrôler les dépenses de santé, l’initiative a sans doute manqué de proposer de véritables solutions pour stopper la hausse de ces coûts. Le conseiller national centriste Benjamin Roduit a bien esquissé quelques pistes concrètes, mais il n’a pas su rassembler une coalition suffisamment large pour que l’initiative soit adoptée. Soutenu uniquement par le parti initiateur qui a fait cavalier seul dans cette campagne, le projet du Centre a cruellement manqué de soutien, passant logiquement de 54% d’intentions de vote favorable à 45% deux semaines avant les votations (sondage Tamedia). Elle ne récolte finalement que 37% de voix favorables.
 

La Loi sur l’énergie, sans surprise, est adoptée

Par contraste, la loi sur l’énergie et un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables adopté au parlement en septembre 2023 et soumise au referendum a été approuvée sans grande surprise et avec une large majorité. Ce projet, soutenu par tous les partis hormis l’UDC, semblait acquis d’avance dans un contexte géopolitique appelant naturellement à une plus grande souveraineté énergétique, tout en avançant toujours dans la décarbonation du pays pour satisfaire les objectifs de la Confédération à l’horizon 2050. Même si cette loi n’a pas fait l’objet de débats majeurs lors de cette campagne de votations, il risque d’en être bien autrement pour sa mise en œuvre, tant les différences d’approche pour réconcilier les objectifs d’un approvisionnement en électricité souverain, plus durable et qui satisfasse une demande en constante augmentation sont flagrantes.

Une journée de votations révélatrice des préoccupations actuelles

Cette journée du 9 juin aura donc confirmé certaines tendances prévisibles tout en soulignant les enjeux économiques et sociaux pressants pour une partie de la population suisse. Les débats intenses autour des initiatives touchant aux frais de santé montrent combien ce sujet est sensible et actuel. Le combat n’est pas terminé pour le PS qui brandit d’ores et déjà une nouvelle initiative pour une caisse maladie publique. Quant au débat sur l’approvisionnement en énergie, il ne fait que commencer.